24-04-2017

Fabriquer en Europe, c'est possible !

by stephanie



Souvent, quand je parle de Made & More autour de moi, qu’il s’agisse de client(e)s à qui j’explique le concept, de journalistes ou de potentiels partenaires financiers, la même interrogation revient : « mais fabriquer en Europe, est-ce possible? »

Et bien oui. Et pas qu’un peu ! Quand l’idée de lancer Made & More il y a plusieurs années est née, je me suis posé la même question : « je veux proposer des articles fabriqués localement, mais est-ce que ça existe vraiment? ». L’industrie textile est encore aujourd’hui un univers opaque pour lequel beaucoup de croyances existent. Je croyais que les vêtements fabriqués en France par exemple étaient réservés à l’industrie du luxe. Je croyais que les vêtements plus chers n’étaient pas fabriqués à bas coût. Je voulais révolutionner l’industrie textile. Comme l’explique très bien Andrew Morgan, réalisateur du documentaire The True Cost (disponible sur Netflix notamment) « Growing up, I was told this very simple story about where clothes come from. I was told they were made in far away places by these other people. And these people needed to work and somewhere someone was taking care of these people so the best thing that we could do was just keep buying more. There is just one problem with this story… : it’s not true ».

Les raisons de la délocalisation de l’industrie textile sont simples : l’idée était de produire des vêtements à bas coût de sorte que les pays occidentaux puissent s’offrir des vêtements pas cher et que les pays pauvres puissent avoir un emploi. Ca n’a malheureusement pas donné le résultat attendu. Aujourd’hui le business model n’est pas un modèle durable. L’industrie textile comme elle a été modifiée depuis le début de la mondialisation a engendré l’exploitation de l’humain et la destruction de l’environnement. En 5 ans, plus d’1 million d’emplois ont été perdus dans l’industrie textile en Europe. C’est un fait.

Pour revenir à la question initiale, mon constat aujourd'hui est le suivant : il existe des centaines d’industries en Europe qui produisent du tissu, qui confectionnent des vêtements et qui le font bien. Même très bien. Qui le font avec passion et amour du métier. Certes, ce n’est pas un métier facile (quel métier l’est?), mais ils sont là. Et ils ne font pas que produire des articles pour l’industrie du luxe. Car non (croyance populaire), ce qui est fabriqué en Europe ne coûte pas forcément plus cher. Exemple: un bonnet confectionné par Delphine Quirin dans son atelier liégeois avec son équipe de tricoteuses est vendu en magasin entre 40 et 80€. Un bonnet Tommy Hilfiger vous coûtera le même prix mais sera confectionné en Asie sans garantie sur les conditions de fabrication. Exemple 2: les chaussettes Pantherella, qui sont fabriquées en Angleterre près de Leicester, dans une usine qui compte un centaine d’ouvriers, coûtent moins cher que des chaussettes Calvin Klein fabriquées en Chine. On peut avoir des prix très attractifs, il suffit de trouver de bons ateliers capables de fabriquer en nombre. C’est souvent sur le nombre que les ateliers peuvent réaliser des économies d’échelle. Commandons donc en nombre et leurs prix seront plus attractifs également.

Vient ensuite la question de trouver ces petites perles rares (qui ne sont pas si rares si on cherche un tout petit peu). J’entends souvent « je voudrais mais ce n’est pas évident à trouver ». Et bien tout comme on peut prendre du temps pour trouver un bon architecte pour sa maison ou un bon menuisier, trouver un bon fabricant prend aussi un peu de temps, cela fait partie des règles du jeu. Comment? On les trouve dans les salons professionnels comme « Première Vision » à Paris, qui regroupe toute la filière textile. A vous de préparer votre visite et de rencontrer les bons producteurs. On trouve également sur internet pour certaines régions de France par exemple des listes d’industries par métier, il vous suffit de les contacter, tout simplement. Prenons le lin par exemple. Il pousse en Normandie, et est ensuite tissé dans des usines en France et en Belgique. Pour les boutons, les tirettes, les accessoires, il est aussi possible de trouver des fabricants localement. Côté ateliers de fabrication, il en reste peu en Belgique, mais il en reste en France, en Angleterre, en Italie, en Espagne. Ils sont bel et bien là. Ils n’attendent qu’une chose : continuer à produire.

J’aimerais pouvoir répertorier un jour toutes ces industries, dans un seul et même annuaire, pour que chacun puisse faire appel à ces savoir-faire. Les avantages sont nombreux et les inconvénients inexistants. Les délais de livraison sont courts, on évite des transports depuis le bout du monde et on réduit son empreinte écologique. On soutient l’économie locale. On a une garantie de qualité des produits fabriqués et une garantie du respect des normes européennes. Et surtout, on valorise un métier qui ne pourra être remplacé par des machines à l’avenir. Car la création, la beauté, la façon dont un tissus est cousu suivant sa nature (lin, soie, coton) devra toujours passer par la sensibilté de l’humain.

Je concluerai en soulignant la passion qui émane de ces personnes. Je repense à Sandro, qui a repris cette usine en Italie il y a quelques années et qui me racontait il y a peu, la fatigue visible sur son visage car il avait peu dormi, mais les yeux pétillants, comme c’était difficle pour lui d’avoir obtenu l’accord des banques, mais à quel point il adore son métier. Ou encore le responsable de l’usine Pantherella en Angleterre qui me racontait avec tant de fierté la manière dont le bout d’une chaussette est confortable ou non, du fait que chez Pantherella la couture est réalisée à la main, fil par fil et ce depuis 1937.


On dit que l’amour n’a pas de prix, j’ajoute que la passion et le savoir-faire non plus.


Alors oui, fabriquer en Europe c’est possible. Et c’est magnifique, croyez-moi.












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