05-06-2018

Oser se lancer

Stéphanie





Catégorie [Entrepreneuriat] 
Temps de lecture: 6min 



Parmi les très nombreuses réflexions et remises en question de ces derniers mois, il y a celle de prendre plus de temps (et de prendre le temps...) pour partager davantage avec vous sur les coulisses de la marque, le quotidien, la vie d'entrepreneur avec ses hauts et ses bas, comment on lance une marque, comment on gère (ou pas) cette vie trépidante, ma passion pour le développement durable, bref, de prendre le temps de parler de tous ces sujets qui me tiennent à coeur. 

Ne sachant trop par où commencer tellement les sujets sont nombreux, je vous ai demandé via une story Instagram ce que vous aviez envie de lire sur ce blog. Parmi les thèmes les plus mentionnés (d'ailleurs merci pour vos nombreuses réponses!), on retrouve: l’entrepreneuriat, la renaissance de Made & More et la résilience, l’économie circulaire, les coulisses de Made & More et de la fabrication, le choix des matières, le choix des modèles, le rythme des collections, la création, le design process, la logistique et la construction de marque. Beaucoup de thèmes aussi variés et intéressants les uns que les autres ! 

Il m’a donc semblé opportun de commencer cette série d’articles par un thème qui revient très souvent dans les questions qu’on me pose… « Comment se lancer et oser se lancer !? » 




Credit: Austin Chan on Unsplash 


Quand j’ai décidé de tout quitter (bon job, bon salaire, bonne vie :)) pour lancer Made & More, j’avais peur. En toute sincérité, j’ai toujours été très anxieuse pour beaucoup de choses alors décider de démissionner pour me lancer, en 2013, 1/dans la mode 2/durable et 3/en ligne, je peux vous assurer que mon trouillomètre était à son maximum. Et pourtant, 5 ans plus tard et des aventures dignes d’un film d’Indiana Jones, jamais je ne regrette d’avoir osé me lancer. Et même si j’ai encore peur et si j’ai encore des doutes… je continue de prendre des risques et de lancer des projets parce que j’ai pu trouver et définir ce qui me rend heureuse dans mon rôle à jouer dans la société: construire.

« Oser se lancer » est un vaste sujet qui mérite d’être abordé parce que c’est une question qui revient très souvent. Si je devais donner quelques conseils pour « oser se lancer » je dirais: Fonce, rassure-toi, prépare-toi et relativise.

FONCER

Rappelez-vous la première fois où vous avez du plonger dans une piscine quand vous étiez enfant. Ca remonte mais essayez de vous souvenir des sensations… Peur de se faire mal, que l’eau soit trop froide, que le maillot se fasse la malle, que les copains se moquent de nous sur le plongeoir et accessoirement, de ne pas pouvoir nager et de se noyer. Et puis, d’un coup, on ne réfléchit plus, on bouche le nez on ferme les yeux et on saute. Tout ça pour finalement se rendre compte que « ça va », l’eau est froide mais on se réchauffe vite en nageant. Les copains ne se moquant pas parce qu’ils sont dans le même panier et se posent les mêmes questions que vous. Et non, vous ne vous êtes pas noyés parce que vous n’êtes pas bête et qu’avant de sauter, vous avez appris à nager. C’est un peu la même chose pour la vie d’entrepreneur. On a une idée, un projet, on a peur de se lancer, que les copains se demandent ce qui a bien pu vous passer par la tête, et on peur de se planter complètement. Il n’y a évidemment pas de recette magique pour oser sauter dans la piscine, et pas de recette non plus pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Repensez simplement au petit enfant qui a peur de sauter et demandez-vous ce vous lui diriez pour le rassurer.  



Credit: Nathan Dumlao on Unsplash 

SE RASSURER

Casser ses peurs, prendre confiance en soi, être bienveillant avec soi-même en étant son meilleur ami, voilà quelques règles et "deal" à mettre en place avec soi-même pour oser se lancer. Vous avez fait des études de droit mais rêvez de lancer une épicerie bio? Et alors? Vous n’avez pas fait d’études et rêvez de faire une application mobile pour un projet qui vous tient à coeur? Et alors? Evidemment il faut les compétences nécessaires pour tout projet, mais rassurez-vous et chassez le « qu’en dira-t-on », cassez vos croyances qui vous bloquent et soyez votre meilleur ami. Avec un diplôme d’ingénieur de gestion en poche, j’ai commencé ma carrière dans la chimie industrielle. Normal, classique, bien dans les règles et parents heureux de voir leur enfant « bien réussir ». Sauf que moi, pour « bien réussir » et être heureuse, j’avais besoin de créer, d’être libre, d’imaginer, de construire et de déplacer des montagnes comme on me le dit souvent. D’être entrepreneure et indépendante. J’avais peur de ce qu’on pourrait penser quand j’ai décidé de lancer Made & More. Je n’osais pas en parler à mes amis parce que la mode est un secteur ô combien passionnant compte tenu des défis actuels du secteur textile dans la société mais a aussi cette image futile. Une fois de plus je devais donner un seul conseil c'est d’être bienveillant envers soi-même et de ne pas avoir le sentiment de devoir « prouver quelque chose ». Cela m’a pris du temps, et l’épisode du lancement d’une société avec tout ce qui s’en suit (lever des fonds, constituer une équipe, gérer des produits, grandir, et finalement tomber pour mieux se relancer) m’a permis de relativiser et de gagner en maturité. Aujourd’hui j’ai laissé tous ces doutes de côté (enfin… le plus possible). 

Un autre moyen de se rassurer et de prendre confiance en soi est de lister ses peurs. Le sentiment de peur nait chez l’humain pour se protéger d’un danger. En cas de danger (vous croisez un lion par exemple), c’est le cerveau reptilien qui est le plus ancien et qui permet d’assurer la survie individuelle, va s’activer et déclencher la peur, pour que vous puissiez prendre soit prendre la fuite, soit entamer une lutte soit inhiber l’action (la peur qui paralyse). Qui dit peur dit donc danger. Par conséquent, si vous avez peur, listez et identifiez les dangers (ex: ne pas y arriver, ne pas gagner votre vie, etc) et écrivez à côté des solutions possibles pour faire face à ces dangers. Cela apaisera déjà une bonne quantité de peurs « inutiles ».






Casser ses peurs, prendre confiance en soi, être bienveillant avec soi-même en étant son meilleur ami, voilà quelques règles et "deal" à mettre en place avec soi-même pour oser se lancer. 





BIEN SE PREPARER

Un bon plan financier, un plan d’affaires et un bon entourage sont nécessaires. Pas besoin de se préparer pendant 10 ans et d’écrire un mémoire de fin d’études de 100 pages. Pas besoin non plus que ce soit parfait. Ce qui est important avant de se lancer est d’être bien préparé. Et être bien préparé, c’est pouvoir prévoir ce qui va arriver, du mieux qu’on peut. Cela passe donc par un plan financier qui peut être assez simple et basique. Un plan financier c’est en quelque sorte comme le budget de votre ménage. Chaque mois de l’argent rentre et chaque mois de l’argent sort pour payer l’emprunt hypothécaire, l’électricité, l’eau, les courses, les plaisirs. Le but du jeu est d’avoir plus d’argent qui rentre que d’argent qui sort. Pour démarrer, acheter une maison par exemple, il vous faut une aide de la banque pour emprunter votre maison car vous n’avez pas tous les fonds nécessaires pour le faire. C’est exactement ma même chose pour un projet. Il faut du capital de départ pour démarrer et ensuite faut faire en sorte que de l’argent entre pour faire face à celui qui sort. L’idée c’est vraiment de pouvoir chaque mois voir ce qui va rentrer, ce qui va sortir et savoir si à la fin de l’année le solde est bon. Vous pouvez vous faire aider par des spécialistes en création d’entreprise si l’exercice vous effraie (j’écrirai d’ailleurs un article à ce sujet). Bien se préparer consiste aussi à bien planifier. Pour ma part j’ai une méthode assez stricte de gestion du temps et j’ai toujours fait des retro-planning, depuis le début de Made & More il y a 5 ans (j'en parlerai aussi dans un article dédié). Concrètement il s’agit de prévoir à un horizon de 1, 2 ou 3 mois (je fais parfois plus loin encore) l’objectif à atteindre et de découper ensuite les tâches nécessaires pour y arriver en quantifiant le temps nécessaire à chaque tâche. Je remplis ensuite les cases de mon planning et je l'exécute. Enfin, je conseillerai de s’entourer d’experts dans divers domaines. On ne peut pas tout connaître sur tout et un avis externe est souvent plus précieux que des heures passées sur internet à trouver une réponse qui n’arrive pas. Notamment des experts financiers, des avocats, des entrepreneurs que vous connaissez qui peuvent devenir peut-être des mentors, etc. Enfin, n'hésitez pas à solliciter des personnes qui vous inspirent et qui font ce dont vous rêvez pour leur demander un retour d'expérience et des conseils. Certaines personnes sont plus accessibles que d'autres. Les agendas sont souvent chargés donc pas de panique si vous n'avez pas de réponse. Vous n'avez rien à perdre ;) 



Credit: MARK ADRIANE on Unsplash


RELATIVISER

Relativiser le fait de se lancer est important. Relativiser veut dire prendre du recul, de la distance. Larousse définit relativiser comme suit : "Faire perdre à quelque chose son caractère absolu en le replaçant dans un ensemble, un contexte. » Dites-vous que quoi que vous fassiez, et même si votre projet est super génial, non vous ne changerez pas la face du monde et non il ne s’arrêtera pas de tourner si ça devait capoter. Faites perdre à votre projet ce caractère absolu. Un bon moyen pour prendre du recul consiste à prendre une feuille de papier et de faire 4 colonnes. Dans la première, vous écrivez les avantages à vous lancer, dans la seconde les inconvénients à vous lancer, dans la troisième les avantages à ne pas vous lancer et enfin les inconvénients à ne pas vous lancer. Vous verrez les choses prendront une autre tournure dans votre esprit.

Et puis si finalement, vous n’avez pas vraiment envie de vous lancer, c’est ok aussi ;) Il y a cette mode de l’entrepreneuriat, des startup, d’être freelance, libre, etc. L’herbe n’est jamais plus verte ailleurs et l’entrepreneuriat n’est pas une fin en soi. Comme Malène Rhydal l’explique très bien dans son ouvrage « Heureux comme un Danois » , le bonheur dans la vie professionnelle est avant tout de trouver sa place dans la société. Que cette place soit entrepreneur, coiffeur, artisan, avocat, médecin, éboueur, laveur de vitres, couturier, … quelle place voulez-vous avoir dans la société?

Ici quelques lectures que j'ai appréciées qui m'ont inspirée:





L’art de se lancer de Guy Kawasaki 





Podcast inspirant de femmes entrepreneures: Génération XX 





Heureux comme un Danois (remet le bonheur au centre de tout) 





Girlboss de Sophia Amoruso: l’histoire de Sophia Amoruso et son aventure entrepreneuriale 





Richard Branson: son autobiographie et son incroyable parcours





It's Not How Good You Are, It's How Good You Want To Be de Paul Arden






J’espère que cet article vous a plus ! N’hésitez pas à m’écrire à l'adresse hello@madeandmore.be s’il y a des thèmes en particulier que vous souhaiteriez lire ici ou si vous avez des questions ou des suggestions !  

Belle journée,
Stéphanie
@stephanie_fellen




Credit: Jon Tyson on Unsplash



 


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